Ch006 : Fabriquons-nous de bons souvenirs au travail !

Ce nouvel article fait partie du chantier Ch006 relatif aux ressorts de la motivation à participer au mouvement.

Lien vers la fiche initiale du chantier

Depuis quelques jours, je cherchais une façon de motiver à la QVT sans forcément faire appel au concept en première intention.
Un trajet cette semaine dans le métro parisien m'a inspiré à travers une affiche entrevue pendant quelques secondes à un arrêt en station. Mes yeux ont été attirés par une affiche vantant les vertus d'une (de ?) station(s) d'hiver. Le slogan étant : "la fabrique à souvenirs".

Mon esprit s'est emparé de l'idée de fabriquer des souvenirs pour devenir à la fois un slogan et une modalité pour se mettre en action et mettre en visibilité les actions :

"Fabriquons-nous de bons souvenirs au travail !"

Il y a plusieurs invitations derrière ce slogan :

• une invitation à une posture positive et appréciative de ce qui va se jouer au travail
• une invitation à entrer en action pour produire des actions qui pourront entrer dans nos souvenirs
• une invitation à le faire avec les autres pour construire à la fois ses propres souvenirs, contribuer aux souvenirs des autres et aux souvenirs collectifs
• une invitation - moins directe - à évoquer les bons souvenirs

Très rapidement après la naissance de ce slogan dans mon esprit, je me suis empressé d'en analyser la pertinence.

Des interactions me seront utiles pour le valider.

Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'est apparue assez vite une image très stimulante d'un puzzle en train de s'assembler avec des pièces venant de toutes parts des actions et réflexions que j'ai pu mener depuis 2010 avec mes coéquipières et coéquipiers de Novéquilibres et aussi à titre personnel.

Je vais les donner ci-dessous de manière exhaustive, ce qui me permet à la fois de m'expliquer sur cet effet "assemblage d'un puzzle" et de mettre en visibilité des éléments permettant d'analyser la pertinence :

• fabriquer de bons souvenirs parle plus à madame et monsieur tout le monde que d'agir et de témoigner sur la QVT; cette idée a le mérite de la simplicité; chacun met ce qu'il veut dans ses souvenirs (bonne ambiance, fierté du résultat de son travail, expérience d'un mode de travail, une augmentation de salaire, un merci, un bravo, ...)
• parmi les différents niveaux d'invitation du slogan, il y a le fait de susciter de l'envie avec un effet de contagion pour soi-même : si j'inscris un bon souvenir dans ma tête par rapport à ma journée, j'aborderai la perspective du lendemain de manière positive, au moins pour le même type de situation rencontrée
• le slogan invite à une posture positive et appréciative, ce que nous promouvons sur laqvt.fr et que nous essayons d'induire avec nos modalités d'intervention chez Novéquilibres
•  c'est aussi une invitation à ressentir de la gratitude avec en perspective l'opportunité de donner de la reconnaissance
• fabriquer un souvenir peut relever de l'ancrage positif. Quand on se sent un peu moins bien, on peut se référer alors au souvenir, ce qui nous fait naturellement ressentir des émotions semblables à celles qu'on a vécues pendant la situation initiale (notion de sentiment élastique). Le phénomène peut aussi se produire de manière automatique : en abordant à l'avenir une situation approchante à la situation initiale, je vais ressentir automatiquement les mêmes émotions positives ressenties initialement.
• c'est en lien avec l'idée de contagion du bonheur : quand on est déterminé à fabriquer de bons souvenirs, on peut avoir un impact positif en terme de bonheur directement à travers ses interactions avec les autres, mais aussi indirectement pour celles et ceux qui seraient observateurs externes. Ce qui me fait penser à une citation de Jacques Prévert "Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple"
• dans le livre Fish, que j'avais particulièrement apprécié, sont développées 4 clés pour s'épanouir dans son travail dans une approche gagnant-gagnant avec l'organisation et les clients : choisir son attitude, rendre l'interaction inoubliable au client, jouer, être présent à ce qu'on fait. Il me semble que ce slogan colle très bien avec les 2 premières clés, invitant ainsi à fabriquer des bons souvenirs pour soi, pour les collègues de travail mais aussi pour les clients. N'oublions tout de même pas les autres parties prenantes : les fournisseurs, les partenaires, ...
  Les deux dernières clés étant évoquées dans d'autres items qui suivent
• Mihaly Csikszentmihalyi, un des fondateurs de la psychologie positive rapporte dans son livre Vivre, la psychologie du bonheur des témoignages de personnes ayant été capables de construire des moments de bonheur dans des situations extrêmes (par exemple prisonniers dans des camps d'extermination). Il a créé le concept de flow (flux ou activité autotélique ou expérience optimale).
  L'association d'idée que j'y vois étant que les bons souvenirs peuvent aussi se créer dans un contexte de conditions de travail qui ne serait pas favorable, voire carrément défavorable. Par exemple, le travail peut être épuisant, peu intéressant, mais l'ambiance de travail avec les collègues bonne. En notant, que la plupart des enquêtes de satisfaction au travail montrent que les niveaux de satisfaction les plus forts concernent l'ambiance de travail malgré un niveau global pas réjouissant. Mihaly Csikszentmihalyi allant jusqu'à dire que "le bonheur ne dépend pas des conditions externes, mais de la façon dont on les interprète". Mais je comprends que celles et ceux qui vivent des situations difficiles puissent avoir du mal à adhérer à cette idée. Pour ma part, j'amende la citation de la façon suivante : le bonheur dépend peu des conditions externes - pour autant qu'elles soient au delà d'un certain seuil - mais de la façon dont on tes interprète. Idée que je rapproche des résultats d'études montrant que l'argent ne fait pas le bonheur ... au delà d'un seuil minimal.
• celles et ceux qui suivent les billets relatifs à la stigmergie de ce blog vont être servis : le processus de fabrication de souvenirs est particulièrement "stigmergeant" : une action laisse une trace dans la mémoire qui pourra se traduire par une autre action, ... Trace pouvant être laissée dans d'autres mémoires, et dans la mémoire collective
• avec ce slogan, on touche à deux dimensions : l'attitude et l'action délibérée. Ce qui constitue un investissement à notre bonheur.
• je me suis intéressé à l'efficacité du storytelling pour motiver à l'action. Bien évidemment, la matière du storytelling sont les souvenirs. Créer des souvenirs, c'est augmenter la  richesse de la matière pour le storytelling.
• j'ai évoqué le mécanisme d'adaptation hédonique sur laqvt.fr. L'attitude appréciative inhérente à ce slogan permet de prendre conscience des plaisirs petits ou grands, des aspects positifs de sa vie au travail et donc d'éviter à une fuite en avant de recherche de plaisirs conduisant inévitablement à de la frustration
• se fabriquer des bons souvenirs contribue à une vision moins pesante du travail (ce qui n'enlève pas que des conditions de travail ne sont pas délétères dans certaines organisations et ce slogan n'est pas un appel à rester inactif face à ces conditions)
• le slogan est aussi une invitation au plaisir. En substituant le "travaille bien !" par "Enjoy !" et plus globalement en appelant à la culture des émotions positives au travail
• la fabrique des souvenirs, c'est aussi la création de communs : des souvenirs communs, une histoire commune qui peut être exprimée par écrit, audio et vidéo.
• le slogan invite à ce que nous avons appelé sur laqvt.fr et chez Novéquilibres la "juste conscience". Ici la juste conscience des bonnes choses qui nous arrivent dans la journée.
• je termine par une initiative qui se couple bien avec ce slogan : les petits bonheurs. Elle a été lancée par Céline Bou Séjean (Novéquilibres et laqvt.fr) sur laqvt.fr en avril 2013, invitant des personnes à partager des bons moments de vie au travail 

 t'en penses quoi ?