La genèse

Un jour, je suis tombé dans la Qualité de Vie au Travail ! "J'ai plongé", serait plus juste.



Je me le rappelle fort bien de ce moment. C'était au cours du DU de gestion des risques psychosociaux à l'Université de Bourgogne que je suivais en 2008.
En faisant des recherches sur Internet, j'ai découvert qu'en Belgique la question des RPS était abordée avec le vocable "Bien-être au travail".
Au delà de l'aspect purement terminologique, sachant que certains concepts peuvent aussi se réduire à un aspect marketing, je me suis demandé pourquoi en France n'abordait-on pas le bien-être physique, psychique et social des personnes au travail, dans une logique de promotion de la bonne santé, en lien avec l'efficacité, sans opposer ces deux dimensions, plutôt qu'exclusivement de manière défensive dans une logique de prévention et de réduction des problèmes. J'ai posé cette question et n'ai pas obtenu de réponse ni d'écho à l'époque. Fin du premier épisode.



Je me suis intéressé à la Qualité de Vie quelques semaines après, au cours de l'été 2008 et j'ai conçu le concept de Réseau de sphères me permettant de mettre en relation la sphère professionnelle avec les autres sphères de vie (au pluriel), travail qui a fondé ma conviction de placer le sujet du bien-être au travail dans une perspective plus large.

Deux ans plus tard, je passais à l'action avec des personnes motivées du collectif Relations Humaines de la coopérative Coopaname afin de créer une offre d'accompagnement à l'amélioration du bien-être des individus en travail en lien avec la performance durable, le qualificatif "durable" étant essentiel dans la formulation. Naissance en 2010 de la marque commerciale Novéquilibres.



Nous avons choisi l'appellation Qualité de Vie au Travail (QVT) pour deux raisons :
  • le terme "bien-être" est souvent connoté "cerise sur le gâteau" et/ou soins cosmétiques
  • l'appellation "Qualité de Vie au Travail" a une proximité naturelle avec le concept de Qualité de Vie dont l'OMS a donné une définition à la fois complexe mais pertinente (concept auquel je m'étais intéressé dans le cadre de la création du concept de réseau de sphères)
J'ajoute une raison plus personnelle : en tant qu'ancien qualiticien (responsable qualité), je voyais plusieurs points communs entre les concepts de Qualité et de QVT.

En 2010, le concept de QVT n'était pas au niveau qu'il est depuis la signature de l'ANI vers une politique d'amélioration de la QVT et de l'Egalité Professionnelle en juin 2013.
Il était tout à fait balbutiant, au milieu d'autres appellations : bien-être au travail, mieux-être au travail, être bien au travail, ... Utilisé, à quelques exceptions près, seulement par le réseau Anact à l'occasion de la Semaine de la QVT depuis 2003.




Nous avons décidé avec plusieurs cofondateurs de Novéquilibres de créer le site d'actualité de la QVT laqvt.fr, et ceci en action sociétale (de manière bénévole) et pour deux raisons :
  • donner envie au plus grand nombre, quelle que soit sa fonction, de devenir acteur.actrice de l'amélioration de la QVT, en commençant déjà par interpeller sa propre QVT, en particulier en matière d'hygiène de vie. Introduisant une idée centrale : la QVT se joue sur 24 heures. Idée qui posait la QVT en vision panoramique au-delà de l'aspect purement conditions de travail
  • promouvoir l'appellation QVT car il nous semblait (et il nous semble toujours) que c'est celle qui fait le plus sens et la plus "admissible" et "acceptable" par le plus grand nombre.
Depuis, nous avons mis l'appellation QVT en lien avec le bonheur au travail, tout en ayant bien conscience que cette dernière appellation a moins de potentialité de faire consensus, et en particulier avec les partenaires sociaux.

Depuis 2010, nous engageons l'invididu à se saisir de la QVT. Nous sommes convaincus que la QVT ne pourra trouver un vrai essor que si chacune et chacun assure son rôle après que les partenaires sociaux aient tracé le chemin en aboutissant à l'ANI sur la QVT. Le gouvernement a aussi joué son rôle en étendant cet accord.

Dans la mesure où l'ANI fait une large place à l'expression des individus au travail, donc à la démocratie participative sur cette question, pourquoi les citoyens au travail devraient-ils attendre que la branche professionnelle, le dirigeant, le DRH, les IRP, ... passent à l'action pour le déploiement de l'ANI sur la QVT ?




Chacune et chacun d'entre nous peut anticiper et même favoriser ce déploiement et ceci de plusieurs façons :
  • s'informer sur le concept de QVT et se l'approprier. Nous invitons sur laqvt.fr à adopter une vision large
  • agir par petits pas dans son quotidien au travail, et en dehors, avec des actes qui sont directement à sa portée
  • co construire les actions collectives au sein de son organisation
  • réfléchir à ses actes de consommation, de considérer leurs impacts sur la QVT de celles et ceux qui participent au produit ou au service concerné. Et pourquoi ne pas intégrer aussi dans ses choix le critère QVT ? Ce qui lui ferait préférer un produit ou un services à d'autres, au même titre qu'on choisit plutôt un produit bio, un produit équitable, une épargne éthique, ...
Seulement, il n'est pas forcément facile de passer à l'action. Pourquoi ?

Nous avons toutes et tous besoin de témoignages de personnes et de collectifs qui ont déjà agi en matière d'amélioration de la QVT ... et qui s'en portent manifestement bien, l'organisation, aussi.

Et ceci pour nous donner envie, pour nous donner des pistes, nous inspirer.

Et nous sommes aussi probablement nombreux à pouvoir témoigner de petites et grandes choses qui participent à la QVT,

même à ce jour si elles ne sont pas forcément étiquetées "QVT". Par exemple, en matière de convivialité, de télétravail, d'usage des nouvelles technologies, ...

Nous avons questionné sur laqvt.fr les lectrices et lecteurs du site sur la QVT, et notamment sur ce qu'elles.ils font dans leur quotidien pour prendre soin de leur QVT. Nous avons publié une synthèse des retours. Cela donne à la fois une idée de la diversité des actions et ce en quoi beaucoup de ces actions sont à notre portée.



C'est pourquoi,

il m'est paru essentiel que les citoyens puissent disposer d'un espace pour s'inspirer, pour témoigner, pour partager, pour se stimuler mutuellement, pour repérer celles et ceux avec qui ils pourraient avancer.

Qu'ils puissent aussi

se mettre en mouvement de manière autonome ou concertée, chacun.e à sa mesure, chacun.e au moment qu'il.elle aura choisi.

Au sein d'un mouvement, ou porté par un mouvement, ou inspiré par un mouvement. Dans mon idée, peu importe d'appartenir formellement au mouvement, de le soutenir ou non.

Le principal étant de faire un pas en avant, puis un autre pour le bénéfice personnel, le bénéfice de l'entourage personnel et professionnel et plus globalement pour la société tout entière.

Les médias ont tendance à mettre en avant des innovations sociales originales, des nouveaux modes d'organisation porteurs d'espoir en matière de QVT. Il me semble qu'à côté de ces actions qui constituent de grands pas en avant,

il mérite aussi que soient valorisés des actions moins spectaculaires qui permettent de franchir des petits pas, qui accumulés amènent aussi à parcourir des chemins vers plus de QVT.

L'amélioration de la QVT mérite que l'ensemble des acteurs soit interpellé : citoyens, partenaires sociaux, le système de santé au travail, acteurs accompagnant les organisations sur l'organisation, les RH, les RPS, la QVT, ... les associations de consommateurs, ...

laqvt.fr aurait pu porter cette initiative.

J'ai finalement préféré la porter personnellement dans un premier temps pour donner plus de chances à la création de coopération avec tous les acteurs qui souhaiteront s'y associer et pour la constitution d'une plateforme autonome considérée par toutes et par tous comme un commun (plutôt que d'essayer de rallier certains acteurs qui auraient exprimer des réticences à faire de laqvt.fr, ou une partie du site cette plateforme).

Je souhaite que ce mouvement soit

un mouvement citoyen participatif libre, indépendant, éthique, humaniste, militant, agissant, appréciatif, valorisant, stimulant et joyeux. Et ceci sans distinction d'âge, de conviction politique ou religieuse, ni d'origine culturelle ou sociale.


NB : l'article Constat sur la QVT en France à ce jour précise les éléments qui m'ont poussé à créer ce mouvement






2 commentaires:

  1. Merci pour ce récit de la genèse, Olivier, que j'ai trouvé passionnant ! L'initiative de ce blog mérite d'être poursuivie, soutenue, enrichie... Bravo à toi. J'aime l'idée des fourmis. et milite depuis longtemps pour les "petits pas" dans mon approche de l'accompagnement professionnel, qu'il soit individuel ou collectif.
    A bientôt. Anne

    RépondreSupprimer
  2. Merci beaucoup Anne, et ce, à plusieurs titres :
    - parce que tu es la première à réagir en mettant un commentaire sur ce blog (en m'empressant de remercier aussi celles et ceux qui ont réagi par une interaction individuelle avec moi ... dont tu fais aussi partie).
    - parce qu'en mettant un commentaire, tu participes à la stigmergie (mise en visibilité au plus grand nombre de ton intérêt à l'initiative)
    - pour la reconnaissance que je reçois à travers ton commentaire à la fois sur la genèse et sur l'initiative en général.
    - pour les encouragements à poursuivre sur ma lancée dans la perspective d'être ré
    rejoint pour être plus efficace collectivement. L'intelligence collective étant un vrai cadeau à se donner qu'il serait dommage de ne pas se donner.

    A bientôt.

    Olivier

    RépondreSupprimer

Merci par avance à toi fourmi qui t'apprête à apporter ta contribution soit à la construction de ce mouvement soit à l'amélioration de la QVT