samedi 31 octobre 2015

La fabrique des bons souvenirs au travail : je lance la série

Dans le cadre de l'idée "Fabriquons-nous de bons souvenirs au travail", il me faut bien à la fois donner l'exemple et pratiquer ce slogan pour le tester.

Alors, voici un souvenir de ma journée de mardi dernier, le lendemain du jour où cette idée m'est venue.

Ce jour de mardi fut le premier d'une série de deux jours de co construction de la gouvernance de La Manufacture coopérative dont je suis un des associés. Ceci, dans le cadre d'un séminaire à la campagne, loin  des cadres habituels des séminaires d'entreprise, dans une grande maison de famille chaleureuse. Séminaire animé par Laurent et Guillaume de l'Université du Nous.

Voilà donc rapidement campé le contexte.

J'avais démarré ma journée avec l'intention de me fabriquer, de nous fabriquer de bons souvenirs au travail (autant passer à l'action dans la foulée de l'idée de la veille). J'en ai d'ailleurs fait la proposition à ma première prise de parole à l'occasion d'un tour d'expression des attentes par rapport au séminaire.

Premier moment de l'animation de cette journée : nous sommes invités à déambuler dans un espace où il fait plutôt frisquet (je parle de la température). Quelques minutes après, nous nous retrouvons par groupe de trois.

Me voici avec deux compères de jeu. Il est demandé à l'un de nous de fermer les yeux, de se positionner debout en équilibre stable, les bras le long du corps. Un de mes deux compères se déclare volontaire et nous allons pendant 3 minutes lui mouvoir successivement plusieurs parties de son corps et lui a pour instruction de les faire revenir à la position de départ, et ceci très lentement.

Chacun de nous passe ensuite dans le rôle de pantin articulé au son d'une musique zen.



J'ai apprécié ce moment corporel qui a constitué pour moi, au delà d'un moment magique matière à fabriquer ce présent bon souvenir, une belle métaphore d'un des trois préambules que je promeus pour l'amélioration de la Qualité de Vie au Travail (QVT) : la symétrie des attentions.

Dans cet "exercice", nous avons tour à tour été manipulé et manipulateur, et ceci dans le bon sens du terme. En tant que manipulateur, j'ai été à l'écoute de mes deux autres compères manipulés (dans les deux séquences où j'ai été manipulateur). A l'écoute et en observation pour vérifier que je ne dépassais pas les limites de la souplesse de leur corps. J'ai d'ailleurs pris de grandes marges de sécurité, ce qui a fait dire à un de mes compères qu'il s'attendait à être sollicité pour des mouvements plus proches de ses limites. J'ai presque entendu comme une forme de frustration et de déception. Non pas qu'il serait masochiste, mais finalement cette forme de jeu aurait été plus stimulante en mettant la barre un peu plus haut.

Le deuxième tour fut pour ma pomme, en tant que manipulé. Je me suis questionné avec une pointe d'appréhension sur mes capacités à pouvoir gérer correctement ce que je me suis vu faire au manipulé du premier tour avec l'autre compère. Au début chacun a fait mouvoir une partie du corps du manipulé dans l'attente que le corps soit revenu à sa position initiale avant d'enchaîner un autre mouvement; mais très vite, les manipulations se sont faites en parallèle. Par exemple, alors que mon autre compère avait fini de lever le bras droit du manipulé qui commençait à le baisser, je lui levais le menton vers le haut.
Je me demandais donc si moi, pas très à l'aise dans la désynchronisation des gestes et le parallélisme en général, je serai en capacité de gérer à la fois deux mouvements en même temps.
Du coup, ce questionnement m'a fait complètement occulté ma résistance habituelle au tactile.
Finalement je me suis vite rassuré avec cela et je me suis invité moi-même au lâcher prise pour profiter pleinement de ce moment.
Quand les trois tours ont été terminés, nous avons été invités à débriefer brièvement de cette pratique. Immédiatement m'est venue l'idée de la symétrie des attentions et je l'ai exprimée à mes compères.

En quoi cette métaphore me semble-t-elle pertinente ?
  • dans "symétrie des attentions", il y a ... "symétrie". Nous avons été tour à tour manipulé et manipulateur, la symétrie est donc bien là. Elle est également présente avec le double mouvement : mise en écart par rapport la position d'origine puis retour à cette position
  • dans "symétrie des attentions", il y a "attention". L'attention était à trois niveaux : mon attention à moi-même en tant que manipulé ou manipulateur sur l'instruction qui m'était donnée. Au manipulé, en tant que manipulateur pour m'assurer que je ne le mettais pas en situation inconfortable, voire dans la souffrance. Enfin, à mon compère manipulateur pour coordonner ma manipulation avec la sienne par rapport au manipulé.
Au travail, la symétrie des attentions invite chacune et chacun à être attentionné et à porter intérêt aux autres, à la fois dans leurs actions de travail mais aussi par rapport à leur vie au travail, au delà des gestes liés à leur poste de travail.
Si la symétrie des attentions invite à s'intéresser aux autres, la métaphore va au delà de cette symétrie puisqu'elle évoque aussi l'attention à soi-même. Ce qui renvoie au premier préalable de l'amélioration de la QVT : l'appropriation de sa propre QVT.
De ce point de vue, l'attention à soi-même, c'est par exemple de ne pas tirer trop sur la corde (les horaires, les gestes et postures, les rythmes de travail, l'alimentation, le sommeil, ...), de porter effectivement les équipements de protection dans les milieux à risques physiques, ...

Ainsi donc s'achève la mise en visibilité le premier souvenir de la fabrique à bons souvenirs de la fourmi de la QVT, pionnière du mouvement, et j'espère que je saurais me rappeler à demander lors de mes prochaines interactions avec mes deux compères si cette pratique est aussi restée dans leur mémoire. Ce qui constituerait une déclinaison de "nous fabriquons ensemble nos bons souvenirs communs du travail".

Pour finir, je me dis que si tout un chacun se comportait au travail avec le niveau d'attention et de douceur que j'ai pu constater pour mon groupe et les autres groupes, le thermomètre de la QVT virerait carrément au vert.

Alors, si vous en touchiez un mot à vos collègues, avant de vous toucher et de vous manipuler mutuellement dans un sens tellement différent de celui qu'on entend habituellement ? Pour plus de bienveillance, de gentillesse, de douceur, d'attention et s'accorder des moments de lenteur.





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Merci par avance à toi fourmi qui t'apprête à apporter ta contribution soit à la construction de ce mouvement soit à l'amélioration de la QVT